Cela dit, ce n'est pas le genre d'endroit où vous allez pour changer vos disques ou éplucher une bédé, plutôt celui ou vous payez cher pour consulter un ouvrage qui tombe en poussière, quarante-cinq minutes après avoir rempli la petite fiche. Mais bon, magnifique bâtiments, très imposants, énorme esplanade exposée à tout vent, les quatre gigantesques livres debout se font face, embrassant un petit jardin, un jardinet, avec des plantes qu'on ne trouve pas à Paris -normalement. Moi, j'aime bien cet endroit, c'est un endroit qui est fait pour être vivant, même si ça ne marche pas bien : on y passe, surtout, glissant sur du bois glissant.
En fait, je sortais du ciné, un vendeur à la sauvette, des livres à trois euros, rien de bien passionnant, ah si, un bouquin sur Berlioz... Vous savez, ce genre de livre que l'on a pas spécialement envie de lire, mais que l'on lira peut-être un jour, ou peut-être pas, on verra. De toute façon, ça valait le coût : neuf, il vaut au moins une vingtaine d'euros. Bon, j'achète, j'achète pas ? Le choix ne s'impose pas de lui-même, il va donc falloir que j'agisse. Il pleut. Bon, je le prend s'il a des sacs plastique, je veux bien acheter un livre que je ne lirai pas, mais au moins, ne pas le flétrir.
Le vendeur - c'est pas pratique, les sacs sont dans ma camionnette...
Moi, de bonne humeur - si vous voulez, je vous garde la caisse !
Lui - OK !
Et me voilà vendeur de livre à la sauvette, trois euros, trois euros, ne manquez pas ça, allez-y ma p'tite dame, y'en aura pas pour tout le monde. Le vendeur revient, il a mon sac plastique, je refais le tour de la table, je lui donne mes trois sous, on se serre la pince. La journée est déjà une bonne journée.